Franchement, je m’attendais pas à ça. Le ticket de fil d’attente, les numéros de passage, les box, les néons… ça fait veillot, ça rappelle la CAF, Pôle Emploi. Mais ce n’est pas censé être la même chose.
Sophie (usager)
Franchement, je m’attendais pas à ça. Le ticket de fil d’attente, les numéros de passage, les box, les néons… ça fait veillot, ça rappelle la CAF, Pôle Emploi. Mais ce n’est pas censé être la même chose.
Sophie (usager)
Ils (les usagers) ont du mal à comprendre que chaque guichet est dédié à un service spécifique et ne fonctionne pas comme un guichet unique.
Etat civil
Certaines personnes nécessite plus d’accompagnement que d’autres. Sans ça, on les perdait dans la nature. Ils vont une fois quelque part et si ça marche pas, il n’essaient plus… Une femme battue, il faut l’écouter et après lui dire « vous appelez telle personne, de la part du bureau d’accueil, elle est très bien…». Tu leur donnerai un brochure, c’est mort… Il faut simplifier les directions à travers les structures administratives.
Accueil général
Nos prestations correspondent à des cycles de vie différents, qui se côtoient : déclaration de décès et déclaration de naissance par exemple. Certaines prestations comme la déclaration de décès ont besoin d’une écoute et d’un accueil particulier. Plus généralement, les agents ne peuvent pas assurer la confidentialité des personnes concernés, les guichets sont trop près, et ceux qui attendent se placent juste derrière les guichets.
Etat civil
Un jour une dame est venue pour inscrire son enfant à la crèche. Elle était déjà séparée du père de l’enfant. Mais le plus dur fut de découvrir sur le fichier informatique que le père de l’enfant avait un autre enfant. La mère ne le savait pas, mais moi je l’ai su. Je n’ai pas pu le dire, ce n’est pas mon rôle et j’avais de la peine pour elle.
L’année dernière, on a eu un mariage avec toute la procédure, le Maire etc. et juste après la cérémonie, avant même de sortir de la salle, la mariée lance à son époux « Ça y est, t’es content maintenant » et se barre. Ensuite, pas plus loin que dans le hall de la Mairie elle roule des pelles à son témoin.
Un jour, une dame, d’apparence très élégante plutôt riche et magrébine arrive avec ses deux jumeaux en Marie et nous demande où elle pouvait les déposer. Elle avait de grandes lunettes de soleil. Je l’invite à s’asseoir et j’essaie de lui parler. Quand elle enlève ses lunettes, je vois qu’elle a deux grands bleus autour des yeux. Son mari l’a frappé, depuis toujours, mais là il avait commencé à s’en prendre au plus grand des enfants. Elle avait toujours accepté pour elle, mais elle ne l’acceptait pas pour ses enfants. Je l’ai mis en lien avec la structure spécialisée avec laquelle on travaille…
Une autre fois, une dame âgée est venue en chemise de nuit. Son mari l’avait battu. Elle était en incapacitation totale. C’est un cas de conscience. Comment laisser repartir une personne qui est dans cette situation ? À la fin, la police a fini par la prendre en charge.
Un jour, en hiver, il faisait froid et il neigeait, il y a une personne âgée qui m’appelle et qui me demande quel genre de chaussures elle devait mettre. Ça montre bien la solitude des gens. Cette personne avait besoin de parler à quelqu’un et de savoir que le service public était là.
Un monsieur venait trois fois par mois pour avoir le calendrier des brocantes. A chaque fois on lui donnait et il repartait.